Avis de recherche : la gente masculine

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Les hommes sont minoritaires à McGill, et leurs rangs se dégarnissent lentement, mais sûrement. À l'heure actuelle, on dénombre trois femmes pour deux hommes dans les programmes de premier cycle. Voilà un phénomène encore inexpliqué, dont la durée est indéterminée. Cependant, déjà, on s'interroge à savoir si la communauté universitaire devrait s'en inquiéter.


Lors d'une réunion du sénat de McGill, en octobre dernier, Nick de Takacsy, PhD'66, vice-principal executif adjoint, et président du comité des admissions, a présenté un rapport sur la répartition selon le sexe de la clientèle étudiante de l'établissement.

Si la tendance générale est à la baisse, les statistiques varient selon la faculté et le département. L'effectif étudiant de la Faculté de médecine dentaire était constitué de 78 % d'hommes en 1980, comparativement à 44 % en 2002; à la Faculté de musique, le ratio est demeuré pour ainsi dire inchangé durant cette période. Le nombre d'hommes a même augmenté à l'École de sciences infirmières et à l'École de physiothérapie et ergothérapie.

Dans certains cas, les statistiques n'ont pas de quoi surprendre : le nombre de femmes qui font des études secondaires a constamment augmenté au siècle dernier.

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Nick de Takacsy, PhD'66.
Owen Egan

« La question n'est pas de savoir pourquoi les femmes sont plus nombreuses dans les salles de cours. Il faut plutôt se demander pourquoi la proportion d'hommes diminue. À défaut de répondre à cette question, nous devrions à tout le moins déterminer si cette tendance se répercute sur les programmes de l'Université », a indiqué de Takacsy.

À son avis, le phénomène ne peut pas être expliqué par une discrimination structurelle dont les hommes ferait l'objet. Kim Bartlett, BA'78, MA'84, directrice, Admissions, et membre du comité qui a rédigé le rapport, a expliqué que l'excellence constitue le seul critère d'admission à McGill.

« Pour être admis à McGill, il faut avoir un bon dossier scolaire. La provenance de l'étudiant, son apparence, sa religion, la couleur de sa pêu et son sexe ne nous importent pas », de poursuivre la directrice.

Le projet d'étude de la répartition de l'effectif étudiant selon le sexe s'est heurté à une vive résistance au sénat, en janvier de l'année dernière. Adoptée avec une voix de majorité - il y a eu six abstentions - la proposition avait été soumise par Morton Mendelson, BSc'70, doyen associé, Affaires universitaires et étudiantes à la Faculté des sciences, qui faisait également partie du groupe de travail qui s'est penché sur la question.

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Morton Mendelson, BSc'70.
Owen Egan

« J'ai été un peu étonné de la réaction du sénat. Les échanges ont été animés. Certains croyaient même que la question ne se posait pas : "on s'aventure en terrain miné en empruntant cette voie, qui mène tout droit à la discrimination à rebours; on ne veut pas en arriver là, alors oublions tout cela" », raconte Mendelson.

Ce dernier croit plutôt que, ne serait-ce que dans l'optique de la diversité, il est important d'analyser les statistiques. Comme le souligne le rapport, McGill a rehaussé les normes visant les étudiants ontariens, craignant que la « double cohorte » ne fasse voler en éclat la diversité géographique de sa population étudiante (en 2003, l'élimination de la 13e année en Ontario a doublé le nombre de diplômés du secondaire, ce qui a entraîné une augmentation des demandes d'admissions émanant de cette province).

Au chapitre de la proportion hommes-femmes au sein de la clientèle étudiante, McGill ne se distingue aucunement des autres universités de la plupart des pays développés. Il n'en demeure pas moins que cela a un impact sur ses programmes. Par exemple, à la Faculté des sciences, on dénombre cinq femmes pour un homme en biologie, mais trois hommes pour une femme en physique.

Ces ratios influent sur l'utilisation des ressources de l'Université. L'augmentation du nombre d'étudiantes en sciences a gonflé l'importance de la biologie - Bio 200 est le cours le plus fréquenté à McGill - alors que la présence masculine moindre a réduit le poids des sciences physiques. De tels changements sont susceptibles de se répercuter sur la mission pédagogique de l'Université. Aux dires de Mendelson, on peut supposer que l'apport des deux sexes pourrait être profitable à certains programmes.

« Les études de deuxième et de troisième cycles de psychologie clinique visent à former des thérapeutes, à leur apprendre à aider les gens à régler leurs problèmes. Or, certains de ces « gens » seront des hommes. Par conséquent, il serait bon d'intégrer leur point de vue à la discussion. Un cours de psychologie clinique qui ne serait suivi que par des femmes pourrait être problématique. »

Mendelson a soumis plusieurs propositions afin d'amener davantage d'hommes à s'inscrire à McGill. On pourrait notamment accélérer le processus d'admission des candidats masculins ou offrir des bourses dans les domaines où ils sont sous-représentés (cette stratégie a été employée avec succès pour attirer les femmes en génie). Toutefois, il ne faut pas oublier que McGill doit partager un gâteau de plus en plus petit avec d'autres universités.

En fait, le véritable problème est le nombre insuffisant d'hommes qui fréquentent l'université, et c'est le système d'éducation qui en est la cause. D'après Jon Bradley, professeur d'éducation, les répercussions à long terme du manque d'enseignants - les hommes ne représentent que 19 % des inscriptions à la Faculté d'éducation - se font déjà sentir dans nos écoles. Dans certaines écoles élémentaires de Montréal, il n'y a que des enseignantes.

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John Bradley.
Owen Egan

« Je considère l'école élémentaire comme un milieu féminin. C'est, non pas un jugement de valeur, mais une affirmation. Ce milieu féminin est aussi le contexte d'apprentissage », ajoute Bradley.

Les chercheurs en éducation ont assez bien démontré que les garçons et les filles n'apprennent pas de la même façon. Le professeur Bradley tient à souligner que, manifestement, les hommes commencent à éprouver des difficultés scolaires bien avant leur arrivée à McGill.

« Nous savons que 90% des enfants qui prennent du Ritalin (un médicament prescrit dans le traitement de l'hyperactivité) sont des garçons et que ceux-ci présentent un risque de décrochage scolaire de trois à quatre fois plus grand. À mon avis, nous avons atteint un seuil critique ».

Sans être une panacée, la présence d'hommes dans les écoles élémentaires est un pas dans la bonne direction. Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres pour plusieurs raisons. Les hommes sont dissuadés d'enseigner à l'élémentaire par divers facteurs. Selon le professeur Bradley, on demande aux hommes de ne jamais fermer la porte de leur classe et de ne pas rester seuls avec les élèves. Certaines écoles n'ont même pas de toilettes réservées au personnel masculin.

« Il y a toute une flopée de conventions écrites et non écrites, et, manifestement, c'est deux poids, deux mesures. Certains hommes arrivent à composer avec la situation, d'autres refusent ». Le professeur Bradley ajoute que certains garçons peuvent considérer l'apprentissage comme une « affaire de filles », ce qui pourrait les détourner des études.

Évidemment, rien n'est simple. La dynamique des sexes à McGill est volatile et complexe. La Faculté de droit affiche la plus forte diminution après la Faculté de médecine dentaire : de 1983 à 2003, la proportion d'hommes au sein de la clientèle étudiante est passée de 63 à 40%. À l'automne 2003, pour la première fois depuis des années, on dénombrait un peu plus d'hommes que de femmes parmi les nouveaux venus dans cette faculté.

Si elles représentent la moitié de l'effectif étudiant de la Faculté de droit depuis le début des années1990, les femmes sont relativement moins portées à faire des études supérieures, ce qui se répercutera sur l'offre de professeurs de droit. Cela peut s'expliquer de plusieurs façons. Entre autres, il se pourrait que les femmes aient tendance à préférer la pratique du droit. Il se pourrait également que le temps consacré aux études supérieures en droit soit un fardeau plus lourd à porter pour les femmes.

Même lorsque les femmes font des études supérieures, il est de plus en plus difficile de les garder au sein du corps professoral, car on leur offre un pont d'or dans la fonction publique. Les administrations publiques étant elles aussi incitées à assurer l'équité entre les sexes, McGill perd davantage de femmes qu'elle ne peut en recruter.

Afin de faire contrepoids à cette tendance, la Faculté de droit a mis en œuvre, en 1984, un programme de mentorat destiné à encourager les femmes à faire des études supérieures. C'est grâce à ce programme qu'un certain nombre de femmes sont devenues professeures et même doyennes d'autres écoles de droit.

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Martha Crago, BA'68.
Owen Egan

Toutefois, la supériorité numérique des femmes dans les programmes de premier cycle n'a pas encore trouvé un écho dans les programmes d'études supérieures. « La clientèle est répartie à parts égales entre les deux sexes depuis un certain nombre d'années », explique Martha Crago, doyenne, Études supérieures et postdoctorales, BA'68, MSc(A)'70, PhD'88.

Si, en général, la répartition selon le sexe est équitable au deuxième et au troisième cycles, en 2002, 60% des candidats au doctorat étaient des hommes à McGill. Cela démontre que, plus le niveau d'études est élevé, moins les femmes sont nombreuses, un phénomène que ne peut expliquer la doyenne Crago.

« La question mérite d'être analysée en profondeur. Je crois que nous devons être vigilants. Dans les programmes d'études supérieures, la représentation des femmes est enfin à la hauteur de nos attentes. Alors qu'elles se comptaient sur les doigts de la main, les femmes ont mis un siècle à occuper une place enviable, soit 50% de l'effectif étudiant. »

Le manque de femmes au sein du corps professoral de nombreuses disciplines peut constituer un facteur. La doyenne Crago a cité en exemple son cheminement au sein d'un département où aucune femme n'enseignait.

« La maîtrise en phoniatrie appliquée semblait être à ma portée, mais la carrière de professeur était une option que je n'avais même pas envisagée, car personne ne m'avait servi de modèle, ni encouragé dans cette voie. J'ai fait une pause qui a duré de nombreuses années. En réalité, c'est la première femme qui a enseigné au département qui m'a demandé pourquoi je n'avais pas fait d'études de doctorat. Son intervention a été très importante pour moi », raconte la doyenne.

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