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Du sang neuf dans les facultés

S'il y a présentement beaucoup de nouveaux visages parmi les professeurs de McGill, c'est que l'Université est à mi-chemin d'une vaste campagne de recrutement qui lui permettra d'embaucher 1000 nouveaux enseignants d'ici la fin de la décennie.

par Neale McDevitt, Mark Reynolds, et Maeve Haldane, traduction de Lucie Legault

Shadow illustration of people

Cette remarquable entreprise de renouvellement du corps professoral est en grande partie rendue nécessaire du fait qu'un bon nombre des professeurs qui sont entrés à McGill dans les années soixante et soixante-dix approchent de l'âge de la retraite.

Les nouvelles recrues viennent d'établissements qui comptent parmi les plus respectés au monde, dont Harvard, Oxford, Stanford, Johns Hopkins et le Massachusetts Institute of Technology. Cette année seulement, 75 nouveaux venus donnent des cours à McGill et s'acclimatent à Montréal et à leur nouveau cadre de vie.

McGill News a le plaisir de vous présenter quatre de ces professeurs, dont les recherches vont des origines du culte de la célébrité à la résilience du cerveau des nourrissons.

Elena Bennett

Elena Bennett

Les révélations sont des choses parfois étranges car personne ne peut dire à coup sûr où et quand elles vont se manifester. Dans le cas d'Elena Bennett, nouvelle professeure au Département des sciences des ressources naturelles et à l'École de l'environnement de McGill, ce fut pendant un cours sur les lacs et la société.

Étudiante au 2e cycle à Madison au Wisconsin, elle songeait à faire sa maîtrise en histoire environnementale. Si elle s'était inscrite à ce cours qui s'est avéré déterminant pour sa carrière, c'était davantage dans le but de retrouver un ami qui s'y trouvait peut-être que par désir irrépressible d'aider le monde. À la fin du cours, elle était une nouvelle femme.

« Steve Carpenter donnait le cours donné le plus captivant que j'aie jamais suivi, se souvient-elle. C'est là que j'ai décidé de m'orienter vers l'écologie. » Elle n'est jamais revenue sur cette décision.

Elle songeait, à la fin de sa maîtrise, à travailler en gestion environnementale pour son doctorat quand Carpenter, qui était devenu son conseiller, l'a convaincue d'étoffer ses titres de compétence en se dirigeant vers les sciences dures. Elle a alors opté pour le domaine des prélèvements de sol. « Pendant que tous les autres dans mon labo parcouraient en canoë les plus beaux lacs du nord du Wisconsin pour prélever des échantillons d'eau, moi, je sillonnais les banlieues de Madison en auto et creusais des trous dans les pelouses des gens»,raconte-t-elle en riant.

Une tâche sans grand prestige, peut-être, mais d'une utilité immédiate. Les données recueillies par Mme Bennett pour son mémoire ont grandement contribué au succès du mouvement visant le bannissement des engrais pour gazon phosphatés qui infiltraient la nappe phréatique et contaminaient les lacs de la région.

Elena Bennett est venue à McGill après avoir lu une offre d'emploi qui, comme elle le dit, exigeait « un ensemble de compétences des plus bizarres : lien entre les milieux terrestres et aquatiques, expertise dans le domaine des sols et des nutriments et formation en environnement. Je me disais "une seule personne au monde possède cet ensemble éclectique de qualifications - moi!" »

Elle prévoit poursuivre ses recherches sur la gestion des services d'écosystèmes, en particulier lorsque des solutions de remplacement existent. « L'agriculture a de graves effets sur notre eau, explique-t-elle. Pour augmenter la production de denrées, on augmente la quantité d'engrais utilisée, et les nutriments provenant de ces engrais sont entraînés dans les plans d'eau et en abaissent la qualité. La plupart des moyens utilisés pour produire des denrées font diminuer la qualité de l'eau et, en bout de ligne, il faut dépenser des sommes considérables pour traiter l'eau et la rendre potable. »

Elena Bennett est d'avis que l'une des plus grandes erreurs commises par les fonctionnaires qui gèrent les écosystèmes est de se concentrer sur seulement un ou deux aspects d'un système et non sur son ensemble. Elle illustre son propos à l'aide d'une situation qui s'est produite au Québec.

«Une réglementation déposée par le gouvernement provincial obligeait les fermiers à équilibrer leur « bilan» de nutriments, explique-t-elle. Ils devaient calculer combien de phosphore ils prélevaient du sol - nombre de cochons abattus ou quantité de maïs récoltée - et c'est ce qu'ils pouvaient y retourner. Fondamentalement, la quantité de phosphore retournée au sol ne pouvait dépasser la quantité qui avait été prélevée. Un plan fantastique, pas vrai? Sauf qu'une fois leur limite atteinte, les fermiers commençaient à déboiser leurs terres pour pouvoir augmenter la quantité de phosphore réintroduite dans le sol. Quand on met des mesures en place, il faut prendre du recul et se demander quel sera leur effet sur l'ensemble du système. »

Elle est ravie de son déménagement à Montréal. « Il y a tellement de jeunes écologistes dynamiques ici à McGill - il y a de l'électricité dans l'air, dit-elle en souriant. Et mes étudiants sont fantastiques, ils sont tellement brillants et engagés. Je suis contente de pouvoir leur enseigner plus que de simples listes de faits à mémoriser. Nous faisons vraiment de la science vivante! »

Jody Heyman

Jody Heymann

Au Canada, les soins de santé sont une préoccupation permanente. Ils font l'objet de commissions royales d'enquête, de décisions de la Cour suprême et de débats électoraux. D'incalculables quantités d'encre sont nécessaires pour imprimer les pages des journaux consacrées aux opinions des lecteurs sur la question.

Il y a de fortes chances pour que Jody Heymann, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la santé et les politiques sociales dans le monde, participe activement au débat sur le sujet. En tant que directrice fondatrice de l'Institut de la santé et de politiques sociales de l'Université McGill, elle fera profiter ce débat de l'approche globale qu'elle a développée lorsqu'elle était directrice des politiques au Harvard Center for Society and Health.

À l'aide de données comparatives provenant de plus d'une centaine de pays, Jody Heymann tentera d'analyser comment les conditions sociales- pauvreté, tendances de la main-d'oeuvre et urbanisation, par exemple - affectent la santé des familles, en particulier celle des enfants. Elle a établi un réseau de recherche constitué d'une équipe d'universitaires des quatre coins du monde, et le fait qu'elle ait déménagé à Montréal n'a eu aucune incidence sur le déroulement des travaux.

« C'est extrêmement stimulant d'être à McGill, dit Mme Heymann, qui est arrivée en août dernier. Nous nous intéressons aux conditions sociales et à l'incidence des politiques sociales sur la santé. McGill fait profiter cette entreprise des énormes talents dont elle dispose en sciences sociales et en sciences de la santé. »

Elle-même médecin, Jody Heymann a beaucoup publié dans le domaine, notamment Global Inequalities at Work: Work's Impact on the Health of Individuals, Families and Societies et un livre au titre provocant Can Working Families Ever Win?

Dans sa recherche, MmeHeymann associera des tendances mondiales, comme la participation en hausse à la population active et l'urbanisation, et les ramifications politiques de la pandémie de sida et de la présence des orphelins du sida dans les pays en développement.

À première vue, on peut douter qu'il soit utile de comparer des données provenant d'un si grand nombre de pays : les taux de pauvreté et de prévalence du sida en Suède ne sont pas comparables à ceux du Nigeria, et le Pérou ne dispose pas des mêmes ressources que la Norvège pour mettre en place un filet de sécurité sociale qui assure une prise en charge de la population du berceau à la tombe. Néanmoins, avec la croissance de la mondialisation, les soins de santé et les politiques sociales prennent de plus en plus d'importance aux yeux des décideurs, car les échanges multilatéraux et les ententes sur la mobilité de la main-d'oeuvre signifient que les pratiques d'un pays en matière d'emploi et de santé peuvent avoir une réelle incidence dans un autre.

« Aux États-Unis, on entend souvent dire que dans l'actuel climat de mondialisation, il faut demeurer compétitif, qu'on ne peut se permettre des choses comme les congés de maladie ou de maternité payés pace que ce n'est pas viable sur le plan économique. Notre recherche a toutefois démontré que sur les 168 pays étudiés, 165 avaient instauré une forme ou une autre de congé de maternité payé. »

« Il y a toujours des leçons à tirer », conclut Mme Heymann.

Catherine Limperopoulos

Catherine Limperopoulos

En se laissant persuader de quitter les États-Unis, où elle travaillait comme professionnelle de la santé, pour venir à McGill, Catherine Limperopoulos complétait une boucle parfaite.

La nouvelle titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le cerveau et le développement est une Montréalaise d'origine qui a fait toutes ses études à McGill, incluant un doctorat en sciences de la réadaptation. Elle a effectué ses travaux post-doctoraux au Children's Hospital de Boston, où elle a participé à des recherches de pointe impliquant l'application de techniques perfectionnées d'imagerie par résonance magnétique (IRM) à l'étude des bébés à haut risque de lésions cérébrales, comme les prématurés et les bébés qui souffrent d'un manque d'oxygène à la naissance. Mme Limperopoulos s'intéresse en particulier aux causes des lésions et à leurs incidences sur le développement ultérieur des enfants.

C'est une technologie tellement perfectionnée qu'il n'y a rien de comparable au Canada. Mais pas pour longtemps. Dre Limperopoulos a été invitée à venir aider son alma mater à mettre sur pied un programme semblable à l'Hôpital de Montréal pour Enfants et elle a saisi l'occasion. « Je savais que le défi serait de taille car le programme sera unique en son genre au Canada », explique la nouvelle recrue au Département de neurologie et de neurochirurgie et à l'École de physiothérapie et d'ergothérapie. « Mais je suis heureuse de pouvoir amener cette technologie ici et la rendre accessible à d'autres. »

Les prochains mois seront consacrés à l'acquisition et à l'installation du matériel nécessaire. En plus du poste de titulaire d'une Chaire de recherche du Canada, Mme Limperopoulos a obtenu une subvention d'achat d'appareils de la Fondation canadienne pour l'innovation. « Ces fonds vont nous permettre de mettre à niveau notre tomodensitomètre et de mettre en place une infrastructure comme celle de Boston », explique-t-elle.

« Ensuite, il s'agira d'utiliser les techniques quantitatives d'IRM pour mesurer et étudier les lésions cérébrales chez ces enfants et pour évaluer aussi bien le processus de lésion que le temps de récupération », poursuit-elle. La technologie donnera aux chercheurs la capacité d'établir des mesures concrètes quantifiant le développement cognitif chez des bébés en santé. Ces données serviront de base de référence à laquelle pourront être comparées les données sur les enfants présentant des lésions cérébrales.

La technologie offre en outre une manière objective d'évaluer divers types d'approches thérapeutiques et méthodes de réadaptation. « En utilisant l'IRM avant d'entreprendre la thérapie et encore une fois après une période de temps définie au moyen d'une technique ciblée de réadaptation, nous pourrons mesurer son efficacité en ce qui concerne l'établissement des connexions dans le cerveau », explique-t-elle.

Comme les événements qui l'ont éloignée de McGill et l'y ont ramenée, le cheminement de Catherine Limperopoulos en recherche a bouclé la boucle. Sa formation doctorale à McGill était principalement axée sur le suivi de nourrissons à haut risque et la surveillance de ce qui leur arrivait par la suite. « J'ai commencé par m'intéresser aux conséquences des lésions cérébrales, mais j'essaie maintenant de savoir ce qui les provoque, d'en étudier les causes. » L'objectif à long terme est de mieux comprendre comment et pourquoi les lésions se produisent afin de les prévenir ou, à tout le moins, de limiter les dommages.

L'âge est le plus grand avantage de ces petits patients. « Une lésion qui se produit si tôt dans la vie est extrêmement traumatique, mais ce qui est prodigieux chez les bébés, c'est la plasticité de leur système, qui est capable de se réorganiser. »

Tom Mole

Tom Mole

À l'école secondaire, Tom Mole traînait partout avec lui le Don Juan de Byron, comme un dandy sa canne à pommeau d'or. « Je me disais que je n'avais jamais lu de poème aussi amusant et aussi brillamment écrit », raconte-t-il dans son bureau au Département d'anglais.

Londonien de naissance, Tom Mole fut le premier de sa famille à aller à l'université. Il avait toujours tenu pour acquis qu'il étudierait l'oeuvre de lord Byron (1788-1824) en profondeur, mais ce fut seulement rendu aux cycles supérieurs à la University of Bristol qu'il s'est sérieusement intéressé à l'esprit de la période romantique. Un regard plus mature sur le poète l'incita à s'intéresser moins aux produits de Byron et davantage à Byron en tant que produit.

Byron a joui d'une célébrité et d'une gloire sans précédent, deux choses qui étaient autrefois l'apanage des gens qui avaient fait de grandes choses, avaient un haut statut social et étaient… hum… décédés. « On pensait que la véritable renommée devait être posthume », explique M. Mole, mais Byron a été, comme une star du rock, populaire de son vivant - il s'est vendu 10000 exemplaires de son poème Le Corsaire en une journée.

Diverses conditions sociales et technologies nouvelles ont préparé la voie à la célébrité de Byron. L'alphabétisation gagnait du terrain dans la population - qui avait dorénavant suffisamment de temps et d'argent pour acheter et lire des poèmes - et on disposait d'une meilleure infrastructure pour distribuer livres et images aux gens.

L'image de Byron a en outre profité d'une vigoureuse mise en marché, souligne Tom Mole, grâce aux portraits commandés par le poète lui-même. Ces portraits ont fait l'objet de nombreuses gravures, et chaque fois qu'ils étaient reproduits - il n'y avait pas de droits d'auteur à l'époque -, l'image était légèrement modifiée. Le poète a ensuite été représenté dans les caricatures et autres illustrations satiriques. « Rapidement, les portraits représentant Byron le col ouvert, le front couvert de mèches bouclées, commencèrent à circuler à grande échelle. »

Contrairement à une peinture exécutée sur commande, chacun peut acheter une image gravée qu'il peut posséder et « consommer » dans l'intimité de son foyer.

« La clé de la célébrité de Byron, c'est l'intimité que le lecteur ressent avec l'auteur, affirme Tom Mole. Lire un poème de Byron, regarder une image de Byron, lire sa notice biographique dans un journal, consommer l'image de la célébrité de Byron, c'est en quelque sorte être en relation avec le poète. »

Un des talents de Byron, c'était de toujours faire comme s'il révélait quelque chose de lui dans ses oeuvres, une sorte de danse du voile où il révélait autant qu'il cachait, poursuit M. Mole. « Il laissait toujours au lecteur quelque chose à imaginer. Et il pouvait toujours écrire un autre poème dans lequel il se révélait un peu plus - c'est comme ça qu'il maintenait l'intérêt des lecteurs. »

Byron était un simple rouage d'une machine servant à générer de la célébrité, dit Tom Mole. « Une machine qui incluait Byron, son éditeur, les journalistes, des artistes, des graveurs, des caricaturistes, des imprimeurs, des maisons de publication de magazines - out un dispositif culturel. »

Maintenant que Tom Mole est confortablement installé « au coeur de la vibrante culture universitaire » de McGill, il veut s'attaquer à l'histoire de la célébrité et faire de Byron sa première étude de cas.

« Nous sommes obsédés par la célébrité », dit il, en donnant comme exemple le succès mondial de American Idol et autres émissions du même genre, qui prétendent dévoiler le génie caché des gens ou les transformer en stars. « La culture de la célébrité mise sur le fait que les gens ne s'interrogent pas, se laissent illusionner. Aussi longtemps que nous attribuerons l'image publique d'une personne à son talent ou au fait qu'elle est une star née, rien ne mettra un frein à la culture de la célébrité. C'est seulement en pensant à l'histoire que nous pourrons nous montrer critiques face à ce phénomène. »

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