La Clinique de médecine sportive : des gens qui se donnent corps et âme

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La Clinique de médecine sportive : des gens qui se donnent corps et âme

Treatment at the Sports Medicine Clinic.

Où trouve-t-on des cuves thermales, des tables de massage et des appareils de musculation sur le campus? À la Clinique de médecine sportive de McGill, bien sûr. C'est l'endroit où ceux et celles qui espèrent marcher sur les traces de Bruny Surin - au propre comme au figuré - trouveront tout le nécessaire pour apaiser leurs muscles et articulations meurtris, avec en prime la bonne humeur d'une équipe à la synergie gagnante qui fonctionne au quart de tour.

On y trouve le nec plus ultra en matière de médecine sportive : des tables de traitement, un trampoline, des ballons d'exercice, un ergocycle permettant de développer le haut du corps, des haltères et un Biodex, un appareil complexe qui mesure la force musculaire plutôt deux fois qu'une. Des graphiques couleur représentant le trajet des nerfs et des muscles mettent à la portée du profane le corps humain dans ses moindres rouages. Un squelette, une variété d'os, un crâne et un pied en plastique qui laisse voir sa composition viennent compléter le décor.

La Clinique est aussi un creuset de spécialités. Des physiothérapeutes, des thérapeutes du sport, des médecins, des chercheurs, des massothérapeutes et un ostéopathe se consultent et apprennent constamment dans un milieu non hiérarchisé. Lorsque Penny Lee, physiothérapeute, a voulu mieux comprendre la déchirure du ligament antérieur croisé, un chirurgien lui a permis d'assister à une intervention chirurgicale.

« Avant toutes choses, nous voulons que les gens se rétablissent le plus tôt possible », explique Mary Mooney, PhD'95, coordonnatrice adjointe. « Nous leur donnons également des conseils pour diminuer le risque d'une nouvelle blessure. En général, il faut presque enchaîner les athlètes pour les empêcher de reprendre le collier trop tôt. Même ceux qui ne font pas de compétition sont impatients de recommencer à pratiquer le sport qu'ils aiment tant. Ils ne veulent pas que la blessure soit un prétexte à l'inactivité », ajoute-t-elle.

Mme Mooney (qui a étudié en science politique) est emballée par son travail. « Tous les étudiants sont enthousiastes et très disciplinés, à l'entraînement comme aux études. » À McGill, il n'y a pas que la musculature qui peut se développer… la matière grise aussi. Les étudiants qui font partie d'une équipe de sport universitaire ne peuvent pas se permettre de descendre sous la barre des 80 % dans leurs résultats scolaires.

Les étudiants représentent environ 60 % de la clientèle de la Clinique, et le personnel de l'Université et des hôpitaux affiliés, environ 20 %. Les autres clients viennent de l'extérieur. Lynn Bookalam, thérapeute en chef et coordonnatrice de la Clinique, souligne que la famille McGill a la priorité. « Nous sommes là pour assurer aux étudiants, aux personnel et aux diplômés des soins spéciaux au plus bas coût possible. » Mme Bookalam, qui est à McGill depuis 1982, raconte que des personnes qu'elle a traitées il y a des années l'appellent pour lui donner des nouvelles. « On reçoit des appels de partout. Les gens nous disent : "On m'a dit que je devrais suivre tel traitement. Qu'en pensez-vous? Ça vous paraît justifié?" Ils appellent à la maison pour obtenir une évaluation honnête. »

À sa première visite, le client rencontre généralement James Hieminga, BMus'00, coordonnateur des services aux patients. Installé à la réception, il passe le plus clair de son temps à s'entretenir au téléphone avec les clients, les médecins de famille et les chirurgiens, et à organiser les tests tels que les scintigraphies osseuses et les examens IRM (imagerie par résonance magnétique). Service oblige.

Passionné par la paramédecine (par exemple, les services ambulanciers), cet ex-entraîneur adjoint de l'équipe de natation de McGill est fait pour ce métier. M. Hieminga a également obtenu un diplôme en études opératiques de McGill et fait résonner sa voix de ténor dans les meilleures chorales de la ville. Le département de musique lui envoie souvent des étudiants qui souffrent de microtraumatismes répétés. À l'intention de ceux qui perçoivent les musiciens comme des esthètes purement cérébraux, il raconte qu'un chef d'orchestre a dû subir une intervention chirurgicale pour une luxation de l'épaule; la cause : il était trop tendu!

Pour Penny Lee, les physiothérapeutes sont avant tout des « spécialistes du mouvement ». Ils viennent en aide à un large éventail de personnes : les patients hospitalisés, les grands brûlés, les personnes âgées, les enfants atteints de paralysie cérébrale, les personnes qui ont subi un accident cérébro-vasculaire, les personnes incontinentes qui doivent renforcer leur plancher pelvien, ou encore les mères qui ressentent une douleur à l'épaule lorsqu'elles allaitent.

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Penny Lee, physiothérapeute, en plein action.

« Lorsqu'on est dans la communauté, on rencontre souvent des gens qui ne font jamais d'exercices. Ça ne fait pas partie de leur quotidien. À la Clinique de McGill, on travaille avec des athlètes qui ont l'habitude de s'entraîner et qui veulent reprendre leur collier en vue d'atteindre leur objectif », de préciser Mme Lee. L'an dernier, un joueur de hockey souffrant d'une hernie discale a pu chausser de nouveau les patins après seulement cinq semaines d'inactivité parce qu'il avait suivi à la lettre son programme d'exercices.

Adepte du jogging et du Frisbee ultime, Mme Lee a elle aussi besoin de physiothérapie à l'occasion. Fait-elle ses exercices religieusement? « On n'est pas tous des saints », reconnaît-elle en riant.

Les physiothérapeutes sont également à l'œuvre auprès de différentes équipes sportives de McGill. Ils doivent notamment déterminer rapidement si un joueur blessé peut retourner au jeu. Laura Abbatiello, BSc(PT)'02, physiothérapeute et thérapeute du sport, est la nouvelle recrue, faisant partie de l'équipe depuis un an à peine. L'automne, du lundi au vendredi, après avoir prodigué des soins à une dizaine de patients durant la journée, elle rend de précieux services aux joueurs de football, durant leur exercice, de 17 h 30 à 19 h, tout en supervisant quatre étudiants en physiothérapie. De plus, elle est sur les lignes de touche pendant les matchs, le samedi. « Il faut s'occuper des nombreuses blessures et soutenir les chevilles et les poignets. Alors, il faut dérouler beaucoup de ruban! », explique Mme Abbatiello.

La blessure la plus grave qu'elle a pu voir lors d'un match est une fracture de la mâchoire. En général, elle soigne des déchirures ligamentaires, des luxations de l'épaule, etc. Elle ne pourra jamais oublier ce qu'elle a ressenti lorsqu'elle a tenu le bras disloqué d'un joueur (une véritable branche cassée), pour ensuite le replacer dans sa cavité articulaire.

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(En partant du coin supérieur droite) Lynn Bookalam, Caroline Lavoie et Marie-Claude Després avec des clients de la clinique.

Comme si ses journées n'étaient pas assez remplies, elle fait des études de 2e cycle en médecine sportive. « Il faut que j'aie un plan B en prévision du jour où mon corps criera grâce », dit-elle à la blague. « C'est un travail physique! Les deux premières semaines, je me suis dit "Je n'y arriverai jamais". Toutes ces heures passées à donner des soins, debout, m'avaient éreintée. La saison de football est très exigeante, car les joueurs sont des mastodontes. »

Lorsque j'ai rencontré Caroline Lavoie, BSc(PT)'93, physiothérapeute et ostéothérapeute de la Clinique, elle observait attentivement un jeune homme installé sur un drôle d'appareil de simulation de la descente à ski. Elle vérifiait les mouvements de cet athlète de calibre national dans leurs moindres détails afin que la biomécanique soit parfaite.

Arm exercises at the Sports Medicine Clinic.

Mme Lavoie a également travaillé avec les Alouettes de Montréal, de la Ligue canadienne de football, l'an dernier. « Au début, j'étais un peu intimidée à l'idée de côtoyer ces colosses », s'esclaffe-t-elle. « L'atmosphère était très agréable, mais je ne pouvais pas toujours participer à la rigolade, car je devais me concentrer sur mon travail. Et certains joueurs ne veulent pas plaisanter avec une femme. »

Bien qu'elle soit mieux connue en Europe, l'ostéopathie fait lentement son chemin chez nous. Les gens la considèrent parfois comme la solution de dernier recours, après avoir essayé d'autres types de physiothérapie. « J'ai beaucoup de pression. Les médecins m'envoient les cas difficiles en désespoir de cause », ajoute Mme Lavoie.

Marie-Claude Després a quant à elle renoncé à la médecine pour le « génie physique » - la physiothérapie - , car l'idée de se servir des mains pour aider les gens lui plaisait. « Lorsqu'on observe le patient, on visualise les articulations et les mouvements. On est tellement concentré qu'on en vient presque à s'oublier. » En faisant de l'exercice à la fin de la journée, elle retrouve la sensation de son corps.

Il y a longtemps, elle a fait une fugue pour partir en tournée avec le Cirque du Soleil, trois ans en Amérique du Nord et deux ans en Asie. Elle s'occupait de plus de 50 artistes qui devaient donner 10 représentations par semaine. « J'étais leur psychologue, leur physiothérapeute, leur mère. Lorsqu'ils avaient un problème, ils venaient me voir », dit-elle en riant.

La troupe se distinguait par sa grande diversité, tant au plan de la culture, de l'âge, de la scolarité que du revenu. Des gymnastes chinoises âgées de 12 ans aux acrobates russes de 35 ans, Mme Després devait apprendre à communiquer avec chacun d'eux. Avec l'aide d'artistes chevronnés, elle leur a appris à faire leur numéro malgré une blessure, sans l'aggraver, un must pour tous les athlètes de haut niveau.

Elle a compris que pour amener le patient à participer au processus de guérison, il faut trouver la « zone gâchette ». « Et cette zone n'est pas la même pour tous les patients », poursuit-elle.

Vonda Allan, une des massothérapeutes de la clinique, met littéralement le doigt sur la zone gâchette. Nul doute que son calme apaisant et ses yeux bleus accueillants sont appréciés des étudiants au dos noué par la tension des examens.

Pour le massothérapeute, le corps humain est un réseau interconnecté. En massant la zone gâchette de l'épaule, Mme Allan arrive parfois à soulager les migraineux chroniques, une éventualité que l'on ne peut prévoir à l'aide de l'IRM. Dans la salle où elle travaille, l'éclairage est tamisé, les murs sont ornés de reproductions de paysage bucolique, et une chute d'eau portative fait entendre son doux gazouillis.

Treatment at the Sports Medicine Clinic.

Des attestations fixées aux murs nous apprennent également qu'elle a fait des études en thérapie du système nerveux parasympathique et en drainage lymphatique. Elle décrit les liquides et les systèmes qui assurent le bon fonctionnement de l'organisme, leur rythme et leurs secrets, expliquant que le liquide cérébral obéit à sa propre dynamique, comme un circuit hydraulique fermé. La lymphe, le liquide qui circule à sens unique dans le système lymphatique, entraîne les déchets dans son sillage. « Si le corps est tendu, la lymphe est paresseuse. »

Les différentes stratégies employées par la Clinique pour optimiser les résultats des interventions se soldent par un taux de satisfaction élevé parmi la clientèle. Et s'il ne peut lui être utile, le personnel fera tout pour aiguiller le client dans la bonne direction. M. Hieminga précise que son tour de taille se ressent de tous les biscuits et les gâteaux que les gens envoient pour exprimer leur reconnaissance. « Nous ne cessons de recevoir des lettres et des appels de remerciements. »

Récemment, il a eu de bonnes nouvelles d'un homme de 89 ans qui s'était blessé à la hanche et tenait mordicus à participer à un « marchethon » pour une œuvre de bienfaisance. M. Hieminga était très heureux d'apprendre que l'homme avait accompli sa modeste mission.

« Même si vous n'êtes pas un Lance Armstrong ou une Silken Laumann, nous ferons tout pour que vous recommenciez à pédaler ou à ramer. »

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