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Jeu de coulisses

Jeu de coulisses

Les lumières s'éteignent. Les gens cessent de frétiller dans leur fauteuil. Un silence imprégné d'expectative s'installe alors que tous les regards convergent vers la scène. Aura-t-on droit à une représentation mémorable ou à un four? Ce sera aux spectateurs de trancher. Ce qui est certain, c'est qu'une foule de gens ont travaillé d'arrache-pied afin que la production voit le jour.

Une production théâtrale va bien au-delà de ce qui s'offre au regard du spectateur. Il faut d'abord un texte, un espace scénique, des comédiens, des accessoires, des éclairages et des costumes. Vient ensuite le metteur en scène, qui a sa vision de la pièce et qui dirige la troupe en conséquence. Il ne faut pas oublier le régisseur, qui s'assure que tout va comme sur des roulettes et que le tonnerre et les éclairs se déchaînent au bon moment.

Myrna Wyatt Selkirk enseigne le jeu et la mise en scène au programme d'art dramatique du département d'études anglaises. Elle met en scène une des deux pièces à audition libre montées chaque année, l'autre étant confiée à un metteur en scène invité. Dans différentes salles ‹ le Players' Theatre, à la salle Moyse du Pavillon des arts et le Tuesday Night Café Theatre du Pavillon Morrice, qui est financé par le département d'études anglaises ‹ on présente du théâtre classique, de l'improvisation, des pièces exubérantes de Gilbert et Sullivan, ainsi que des spectacles de marionnettes qui brillent par leur originalité.

Photo Une scène de la pièce Two Girls, Three Guys.

« Le grand nombre de cours donnés à de petits groupes d'étudiants constitue une des forces du programme de McGill; les étudiants ont la possibilité de s'exprimer » a indiqué Mme Selkirk, qui a tenu à souligner qu'il ne s'agit pas d'un programme professionnel comme celui de l'Université Concordia. Cependant, elle croit que, à McGill, les étudiants ont une foule d'occasions de développer leurs talents dans des activités parascolaires. Par exemple, chaque année, au printemps, 15 des étudiants du cours de mise en scène de Mme Selkirk présentent leur savoir-faire dans le cadre du Directors Projects, une activité qui se déroule habituellement à guichets fermés au Players' Theatre et au Tuesday Night Café Theatre.

Selon Mme Selkirk, certains étudiants en art dramatique ont décidé de s'inscrire à un programme de 1er cycle qui les passionne avant d'acquérir une formation professionnelle. « Nos étudiants vont ensuite faire carrière dans un éventail de disciplines vraiment impressionnant. » Ainsi, parmi les anciens du programme de McGill, on retrouve des avocats, des enseignants, des décorateurs à l'opéra et des directeurs de théâtre. Même les accessoires font du chemin : une énorme marionnette utilisée dans une production mise en scène par Mme Selkirk, Tooth and Nail, a sa place dans la parade annuelle de l'Halloween de New York.

La présidente du Players' Theatre, Kathryn Fullerton, précise d'emblée qu'elle ne monte pas sur les planches « Je joue plutôt un rôle de gestionnaire, ce qui me convient tout à fait, car j'étudie en administration et je veux me spécialiser en comptabilité. » Alors comment une femme de chiffres s'est-elle ainsi approchée des feux de la rampe? À sa première année, un ami l'a amenée à s'occuper du son pour un spectacle. Quatre ans plus tard, elle administre les budgets, coordonne des échéanciers serrés et gère l'emploi du temps d'étudiants fort affairés... ce qui est plus facile à dire qu'à faire.

Ce rôle l'a aidée à aiguiser son sens du leadership et ses aptitudes en communications interpersonnelles, à rédiger de la correspondance, à remercier les gens et à leur demander de l'aide.

En mars, six pièces en un acte, écrites par des étudiants, ont été jouées au Players', à l'occasion de la 23e édition annuelle du McGill Drama Festival. Lorsqu'il a appris que sa pièce Two Girls, Three Guys était parmi les þuvres retenues, Dror Yuravlivker, étudiant en histoire et sciences politiques, est resté « stoïque ». « J'ai bondi de ma chaise, qui n'a pas résisté quand je suis retombé sur terre! »

On lui a également proposé de se charger de la mise en scène, une offre qu'il a acceptée sans hésiter. « Quand aurai-je de nouveau une telle chance? Probablement plus jamais. C'est fascinant de voir des gens interpréter le texte qu'on a écrit d'une façon complètement différente de ce qu'on a imaginé. » Il y a eu trois représentations de Two Girls, Three Guys ‹ du Seinfeld, mais en moins drôle selon son auteur ‹ durant le festival. Dans la presse étudiante, la critique a été partagée, arguant que le texte devrait être peaufiné mais que la mise en scène était excellente.

Photo Avec l'aide de Kate Hahnen, une étudiante, Catherine Bradley (gauche), directrice de l'atelier, met la dernière main à un costume pour la pièce The Duchess of Malfi.

La pièce Médée, d'Euripide a récemment été présentée au Players' Theatre. Le metteur en scène, Kathleen Grace, qui étudie la littérature, l'histoire de l'art et le théâtre, fait du théâtre amateur depuis l'âge de 10 ans. Lorsqu'elle a quitté le Texas pour venir à McGill, elle a travaillé à l'atelier de costumes de la salle Moyse, elle a fait fonction de régisseur et a fait partie de l'équipe de direction du Tuesday Night Café Theatre et du Players'.

Forte de cette expérience, elle s'est sentie bien préparée pour la mise en scène. Médée est née de l'heureux mariage de son analyse de la pièce, qu'elle a étudiée à l'Université, et de son bagage créatif.

Mme Grace avait apporté des livres d'art lorsqu'elle a rencontré l'équipe chargée de la conception des décors et des éclairages afin de lui donner des exemples concrets de la texture et des contrastes qu'elle avait en tête ‹ imaginez une île grecque blanchie par le soleil. « Médée est une étrangère. Nous voulions que les spectateurs soient transportés dans une autre contrée », a-t-elle expliqué.

Les fauteuils ont donc été placés autour de la scène et de l'espace réservé aux spectateurs ‹ les chaises, le plancher et les murs ont été recouverts de toile d'emballage. « En parcourant les rayons consacrés à l'histoire de l'art, j'ai trouvé un ouvrage sur l'art textile », de dire Mme Grace, pour expliquer son obsession de la toile d'emballage. « C'est bon marché. C'est texturé. C'est exactement ce que je recherchais. » Elle a même pu se procurer à prix réduit les 70 à 80 rouleaux dont elle avait besoin chez Canadian Tire.

« L'esprit de collaboration au sein de l'équipe faisait plaisir à voir », a déclaré Mme Grace au sujet de la distribution et des techniciens. « Au début, tous les éléments sont séparés; puis, ils finissent par former un tout en interaction. »

Mme Grace prévoit s'installer à New York l'an prochain, mais comme les compagnies de théâtre obtiennent peu d'aide financière par les temps qui courent (au lendemain du 11 septembre, les gens ont donné davantage aux organismes d'aide tels que la Croix-Rouge au détriment des arts), elle prévoit travailler en publicité pendant un certain temps. À plus long terme, elle entend effectuer un retour au théâtre. « J'ai beaucoup appris au plan des relations interpersonnelles et de l'interaction entre les membres de l'équipe durant une courte période intensive. »

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Comme la plupart des gens de théâtre, Katy Pederson a plusieurs cordes à son arc. Elle étudie la littérature et les sciences sociales en médecine, a récemment joué un des rôles principaux dans Médée et est également metteur en scène au Tuesday Night Café Theatre avec Kerith Johnson.

Cette fille de journalistes spécialisés dans les arts a grandi à Halifax. Elle était encore jeune lorsqu'elle a fait ses débuts sur les planches. Après une journée misérable où elle s'était disputée avec sa meilleure amie comme seules des filles de 13 ans peuvent le faire, son père lui dit : « Je vais voir un mime ce soir. Tu viens? » Elle accepte. Ce soir-là, ils rencontrent le metteur en scène d'une production locale de Annie. Après une audition, elle obtient le rôle de l'orphelin no 6. « Je devais tenir un rat. »

Dans la large mesure, la scène devient un mode d'évasion. « J'étais en quelque sorte un mouton noir à l'école secondaire. » Même après cette période difficile qu'est l'adolescence, « le théâtre devient une communauté ».

Mme Pederson fait valoir la multitude d'activités liées au théâtre à McGill. « On vous donne une somme d'argent et on vous dit "allez-y". Ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Vous êtes responsable et vous tirez des leçons de vos erreurs. Souvent, les résultats sont excellents. »

Laurent Duval, étudiant en art dramatique, et Caroline Roy, étudiante en science politique, dirigent la seule compagnie de théâtre francophone du campus, le Théâtre Grenouille. Ils travaillent ensemble depuis 10 ans. En novembre dernier, ils ont mis en scène On purge bébé, de Georges Feydeau. « Le théâtre m'a apporté une nouvelle vision des choses », de préciser M. Duval. « En tant que comédien, le théâtre vient combler un de mes désirs, soit celui de me glisser dans la peau d'un personnage chaque jour. »

La salle Moyse est un véritable bijou : un espace scénique crème et or, un plafond orné aux couleurs vives, les muses et les signes du zodiaque qui recouvrent la partie supérieure. Le directeur de production, Spike Lyne, est le maître de céans. En plus d'être éclairagiste, il se charge de la réservation de la salle, de la négociation des calendriers de location et de l'administration courante du théâtre. « Les coûts d'exploitation de l'immeuble sont élevés. Nous arrivons pour ainsi dire à équilibrer notre budget en louant la salle à d'autres troupes. »

M. Lyne travaille en étroite collaboration avec Keith Roche, spécialiste du son et chef menuisier de l'atelier de décors de la salle Moyse. Il supervise la construction des décors destinés aux productions du département, et voit à ce que les novices du marteau se cognent sur les doigts le moins possible.

M. Lyne voit au bon fonctionnement de l'équipement (éclairage et outils), fabrique les accessoires et les meubles, embauche le personnel ‹ des techniciens aux placiers ‹ et équilibre le budget. « Il faut s'attendre à être interrompu et être en mesure de changer ses priorités. » Par exemple, il peut délaisser la rédaction du budget pour aider Keith à soulever un appareil de 50 livres sur la passerelle, à une hauteur de 60 pieds.

Il s'assure également que les règlements sur la sécurité sont respectés. « La sécurité est primordiale, car une blessure est si vite arrivée. » Lorsque vous travaillez pendant 16 heures par jour avant la première d'une pièce et que vous carburez à l'adrénaline et à la caféine, votre jugement peut être faussé si vous ne faites pas attention.

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« Ce n'est qu'au pensionnat que j'ai découvert le théâtre », a indiqué M. Lyne. « J'ai été renversé. J'ai ensuite appris qu'on pouvait étudier dans ce domaine et qu'on pouvait être payé pour faire ce métier! »

Il y a beaucoup de stress dans le monde du théâtre. « Les échéances sont sacrées. Si vous ne prenez pas les choses du bon côté, vous êtes dans de beaux draps. » En veillant à ce que les étudiants soient détendus et de bonne humeur, M. Lyne voit à ce Keith et lui-même puissent mieux s'acquitter de leurs tâches. « Ils n'ont plus peur de monter dans une échelle. » À 60 pieds dans les airs, ce n'est pas le pas le moment d'être nerveux.

Sous la salle Moyse, on retrouve l'atelier de costumes. La directrice, Catherine Bradley, a eu la chance de planifier les installations avec les architectes de McGill lors des rénovations, de quoi faire pâlir d'envie la plupart de ses homologues. Grâce à une campagne de financement étalée sur cinq ans, le département dispose d'un atelier extraordinaire. Deux postes de travail identiques ont été aménagés côte à côte; c'est comme si l'image était réfléchie par un miroir, ce qui permet de travailler simultanément sur les costumes de deux productions.

On y dénombre six machines à coudre et deux types d'appareil. De la lumière naturelle à profusion, des tables de travail et des salles d'essayage; voilà qui permet à la directrice de louer l'espace à d'autres compagnies de la ville sans négliger les besoins de McGill. Elle a de nombreux clients réguliers. « Nous essayer, c'est nous adopter. »

Des croquis de costume sont suspendus au mur. Mme Bradley travaille sur un long manteau de fausse fourrure blanche. Elle nous montre la salle de teinture, le local le plus coûteux du Pavillon des arts au pied carré. « C'est probablement l'atelier de teinture le mieux équipé en ville. » Un chaudron industriel de 160 gallons tient lieu de bassin de teinture. Et la ventilation est excellente; il le faut car les teintures peuvent être des bouillons chimiques nocifs. À l'extérieur de la salle, on retrouve un bassin oculaire, probablement le seul de l'immeuble.

L'entrepôt regorge de trésors et de costumes de toutes les époques. Quelle production mériterait la palme pour les costumes selon Mme Bradley? À son avis, deux pièces sont sur un pied d'égalité : Twelfth Night, en raison des velours somptueux et du travail de bénédictin que les costumes ont nécessité ‹ les étudiants avaient emmené les cols élisabéthains pour le travailler pendant le congé de Noël ‹ ; The Duchess of Malfi, dont les costumes avaient été conçus par la directrice. « On met toujours de côté des objets ou des tissus précieux pour une production spéciale. Eh bien, cette production spéciale, c'était celle-là.» Par exemple, elle a fait un prodige d'imagination en combinant de la toile de moustiquaire de fenêtre flexible avec des fleurs dorées et des lacets vieil or.

« Je n'aime pas aller au théâtre », a avoué M. Lyne. « Je passe trop de temps à tout analyser, mais j'adore la dynamique. Quand ça baigne, c'est merveilleux. Dans le cas contraire, c'est très désagréable. Et quand le public apprécie la qualité du spectacle, la joie est indescriptible. »

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