Les bibliothèques de McGill†: les livres, c'est leur rayon

Les bibliothèques de McGill†: les livres, c'est leur rayon McGill University

| Skip to search Skip to navigation Skip to page content

User Tools (skip):

Sign in | Wednesday, November 14, 2018
Sister Sites: McGill website | myMcGill

McGill News
ALUMNI QUARTERLY - winter 2008
McGill News cover

| Help
Page Options (skip): Larger
Home > McGill News > 2002 > Winter 2002-2003 > Les bibliothèques de McGill†: les livres, c'est leur rayon

Les bibliothèques de McGill†: les livres, c'est leur rayon

La collection est aussi variée qu'hétéroclite : un faucon empaillé et un capuchon de fauconnier, une horloge en caoutchouc mousse et une trousse d'entomologie, les cendres d'un des plus célèbres diplômés de McGill, et, bien entendu les millions de livres, de cartes, de périodiques, de microfilms et d'autres documents qui forment les trésors documentaires des 14 bibliothèques de McGill.

Deuxième étage de la Bibliothèque Redpath. C'est là que chaque livre amorce le périple qui le mènera sur les rayons. C'est plus précisément au service des acquisitions que tous les ouvrages sont commandés, livrés, catalogués et acheminés aux bibliothèques. Quelque 1 000 volumes suivent un tel cheminement chaque jour. Inutile de dire que ce service est une machine bien huilée qui fonctionne au quart de tour, en grande partie à l'abri des regards.

« Ce serait un euphémisme que de dire "loin des yeux, loin du coeur" », explique Joan Hobbins, BA'74, MLS'76, bibliothécaire affectée aux commandes et au catalogage. « La plupart des gens ignorent même notre présence. »

Adam Gacek, bibliothécaire à la bibliothèque des études islamiques.
PHOTOS: Nicolas Morin

Et c'est là que le bât blesse, car, au terme de l'augmentation du budget consacré aux collections (10 millions de dollars l'an dernier), le volume de travail du service des acquisitions a été accru, alors que ses effectifs ont été réduits d'environ 25 % depuis 10 ans. Bien que les donateurs se montrent généreux, que ce soit en espèces sonnantes et trébuchantes ou en ouvrages, il n'y a pas d'argent neuf pour le traitement.

Même lorsqu'un livre est gratuit, rien n'est simple. Si appréciés soient-ils, les dons de livres ne peuvent pas toujours être conservés. Tantôt McGill en possède déjà un exemplaire, tantôt l'ouvrage ne convient pas à la collection. En pareils cas, il est retourné à son donateur, échangé avec une autre bibliothèque ou donné à une institution d'un pays en voie de développement.

Et la définition du superflu et de l'essentiel évolue avec le temps. Selon Suzy Slavin, bibliographe, il y a 20 ans, aucune bibliothèque universitaire n'aurait eu le Reader's Digest sur ses rayons, par exemple. « Il y a 10 ans, les sociologues ont commencé à s'intéresser à cette publication, cherchant à établir le profil du lectorat et à mesurer son impact sur la société. Résultat? Nous avons été pris de court. On ne peut jamais prévoir l'importance qu'aura un document dans l'avenir », ajoute-t-elle.

Tous les livres qui arrivent à McGill - parfois dans d'énormes conteneurs - doivent être identifiés dans le système de catalogage de l'Université, de manière qu'on puisse les retracer par sujet ou par auteur et qu'ils renvoient aux autres ouvrages portant sur le même sujet. Déjà, près de

20 000 volumes sont en attente de traitement au service des acquisitions (dans bien des cas, il s'agit d'ouvrages qui ont été rédigés dans des langues peu communes ou qui exigent des connaissances spécialisées). Les ouvrages non traités sont encore plus nombreux sur les rayons. Il s'agit de publications gouvernementales, de livres rares ou d'autres documents qui peuvent être indexés au moyen d'un système de catalogage sur fiches, mais qui n'ont pas encore été entrés dans MUSE, le catalogue en ligne des bibliothèques de McGill.

« Aucun nouveau poste permanent n'a été créé », mentionne Christine Oliver. Par conséquent, le problème demeure entier et atteint son paroxysme à l'automne, lorsque Maclean's publie son classement des universités canadiennes. « Chaque fois que les collections des bibliothèques reçoivent une mention défavorable dans le magazine, la tendance est à l'achat de livres », souligne-t-elle.

Joan Hobbins (centre) et les bibliothécaires affectés aux commandes et catalogues.

Par exemple, l'association des étudiants a affecté des fonds considérables au budget des acquisitions au cours des dernières années.

« On ne peut que s'en réjouir. Par contre, cela a des répercussions sur le personnel », de poursuivre Mme Oliver. « Il y a moins de personnel, mais il y a davantage de livres à traiter; forcément, le travail en retard s'accumule, et le personnel affecté au catalogage doit faire un tri. Les documents actuels ont la priorité. »

Une partie des ouvrages en attente de traitement se trouvent à la bibliothèque des études islamiques, dans le pavil-lon Morrice. Cette bibliothèque possède une collection d'ouvrages de langues arabe, persane, ourdou et indonésienne. Si le catalogage s'avère ardu, ce n'est pas seulement pour des raisons linguistiques.

Adam Gacek, bibliothécaire, explique que, lorsqu'il a fondé l'Institut d'études islamiques en 1952, Wilfred Cantwell Smith a décidé que la classification de la Library of Congress ne convenait pas aux ouvrages islamiques. La bibliothèque des études islamiques est donc devenue la seule au monde à avoir adopté ce qu'on appelle le « système Smith ».

« C'est un système unique qui avait peut-être sa raison d'être à l'époque, mais qui n'est pas compatible avec les catalogues en ligne de McGill. Aujourd'hui, il entrave sérieusement l'accès à l'information », affirme M. Gacek.

À l'ère de l'information, les manuscrits fragiles aux lettres ornées qui font la fierté de M. Gacek font face à une vive

concurrence. Quoi qu'il en soit, Joanna Andrews, MLS'72, bibliothécaire en chef des services techniques, explique que les nouveaux documents électroniques sont traités de la même façon que les volumes.

« Par exemple, la personne qui est responsable de l'anthropologie s'occupe de tous les documents qui se rapportent à cette discipline, qu'ils soient imprimés ou électroniques », déclare Mme Andrews.

Pam Miller (avant-plan, au centre) et son équipe de la bibliothèque Osler.

À l'instar de ses confrères et consoeurs du monde entier, Mme Andrews est préoccupée par le caractère éphémère des documents électroniques. Le contenu du site Internet qui n'est plus accessible est perdu à jamais, à moins d'avoir été sauvegardé sur un support.

La question de la conservation des connaissances est un fondement de la bibliothéconomie. Si l'image de la vieille dame aux lunettes en écailles qui toise l'utilisateur tapageur est tenace, le bibliothécaire est aussi le gardien du savoir de l'humanité, un rôle dont il s'acquitte avec le plus grand sérieux. Au nom de l'éthique professionnelle, il n'est pas là pour censurer les ouvrages.

Ce n'est pas seulement un voeu pieux. En 1969, en réaction à l'insurrection civile appréhendée faisant suite aux actions posées par un groupuscule terroriste, le Front de libération du Québec (FLQ), le gouvernement québécois « met à l'index » Les Nègres Blancs d'Amérique, un essai

controversé d'un membre du FLQ, Pierre Vallières. Les policiers qui se présentent à McGill pour saisir le livre s'adressent à John Hobbins, BA'66, MLS'68, un jeune bibliothécaire de documentation.

« Ne sachant pas quoi faire, je vais voir le directeur des bibliothèques de l'époque. Je lui explique la situation. Il me dit : "Regarde la pile de lettres. Je dois répondre à tous ces professeurs qui se plaignent de ne jamais trouver ce qu'ils recherchent dans cette bibliothèque." Je suis sorti et j'ai soudainement compris ce qu'il venait de me dire. J'ai donc répondu au sergent Tremblay que je n'arrivais pas à mettre la main sur le livre. »

L'ouvrage en question s'est retrouvé dans la collection des livres rares. M. Hobbins, qui exerce actuellement les fonctions de bibliothécaire de droit par intérim ainsi que de directeur adjoint des bibliothèques de McGill, précise que des gens font souvent des pressions sur les bibliothèques de l'Université afin qu'elles retirent un livre de leurs rayons, mais qu'elles ont un engagement à respecter envers les générations futures.

La préservation des livres va au-delà de la bataille contre les censeurs. Les moisissures, l'humidité et le temps sont également les ennemis des bibliophiles. Pam Miller, BA'66, est bien placée pour le savoir. En sa qualité de directrice de la bibliothèque Osler, qui est spécialisée en histoire de la médecine, elle a récemment supervisé l'installation d'un nouveau système de régulation climatique qui préservera les 55 000 volumes et les autres artefacts de la bibliothèque du pavillon McIntyre des sciences médicales.

« En réalité, nous avons refait de fond en comble cette partie de l'immeuble », de dire Mme Miller d'un ton enjoué. C'était une opération délicate. La collection Osler renferme des textes du Moyen Âge, des tablettes d'argile en persan, de même qu'une urne contenant les cendres de William Osler, qui a été placée près du bureau et des autres reliques du célèbre médecin.

« C'est plus qu'une bibliothèque. C'est un service d'archives, un musée et un sanctuaire », soutient Mme Miller. « Osler avait une personnalité vraiment remarquable, alors les gens ont voulu perpétuer sa mémoire. »

Le Dr John McGovern, un Texan, est du nombre. Grâce à la subvention de 500 000 $ versée par la American Osler Society, une association qu'il a fondée, la bibliothèque a pu, en suivant les conseils de l'Institut canadien de conservation, installer le nouveau système de régulation climatique cette année. Tous les volumes ont été retirés du pavillon McIntyre lors de l'installation de l'équipement. Ainsi, la bibliothèque Osler jouira de deux climats de manière à répondre à différents besoins de préservation.

La préservation donne aussi du fil à retordre à Eleanor MacLean, BSc'67, MLS'69, responsable de la bibliothèque Blacker-Wood des sciences biologiques. Dans cette collection on trouve un faucon empaillé, ainsi qu'un ouvrage connu sous le nom de The Feather Book. À la fois magnifique et grotesque, cet ouvrage de 156 pages d'un jardinier milanais du XVIIe siècle renferme des images constituées uniquement de plumes d'oiseau. Souvent, le volatile a été reproduit intégralement, des serres au bec... en passant par la peau.

Si Mme MacLean aime manifestement s'occuper des articles rares et inusités qui sont de véritables vestiges du passé, le gros de ses tâches est on ne peut plus actuel. La bibliothécaire, qui a fait des études de 1er cycle en biologie, juge difficile de maintenir la pertinence d'une collection dans une discipline où, en relativement peu de temps, on est passé de l'identification des espèces végétales et animales à l'analyse de la composition génétique.

« Ce n'est pas une mince affaire que de tenter de demeurer à la fine pointe de l'information, que ce soit en biologie ou en bibliothéconomie », ajoute Mme MacLean, qui parcourt régulièrement les périodiques de la bibliothèque à cette fin.

« C'est important de savoir où trouver l'information ou d'autres sources. »

Si la bibliothèque de 140 000 volumes est principalement fréquentée par des étudiants et des professeurs, Mme MacLean reçoit également des demandes inusitées de personnes de l'extérieur.

« Les amateurs d'ornithologie de la région nous rendent souvent visite. Nous avons même eu un membre du personnel de l'Organisation de l'aviation civile internationale qui désirait en savoir davantage sur le comportement des oiseaux qui entrent dans les réacteurs et provoquent l'écrasement des appareils », se souvient-elle.

À la bibliothèque des sciences de l'éducation, Marilyn Cohen, MLS'77, accueille également des personnes de l'extérieur, par exemple des administrateurs et des enseignants des écoles de Montréal, sans oublier les « petits » usagers. « Durant l'été, les bambins de la garderie de McGill viennent parfois nous voir pour l'heure du conte », faisant allusion à la collection de livres pour enfants de sa bibliothèque. Mme Cohen s'intéresse tout particulièrement aux ouvrages historiques de cette collection qui, à son avis, sont souvent le miroir des idées et des valeurs et de la perception des jeunes dans la société à une certaine époque.

Cependant, la bibliothèque des sciences de l'éducation dessert surtout une clientèle un peu plus âgée, soit les étudiants et les professeurs de la Faculté d'éducation. Les 101 000 volumes témoignent des différents domaines d'études et de recherche de la Faculté : la psychopédagogie, la psychologie de l'orientation, les programmes scolaires, l'enseignement et l'apprentissage des langues secondes.

Pour fournir aux enseignants de demain le matériel dont ils ont besoin, la bibliothèque doit posséder une collection d'outils pédagogiques, par exemple des CD-ROM et des bandes vidéo, ainsi que des articles plus amusants. Certains articles placés sur les rayons attirent le regard, par exemple, une horloge géante en caoutchouc mousse, une silhouette humaine avec des organes amovibles et une bouteille servant à capturer les insectes.

Si elle insiste pour dire que sa bibliothèque a une vocation exclusivement universitaire, Mme Cohen ajoute qu'une certain magie se dégage de la section de la littérature pour enfants.

« Tous les gens qui viennent ici trouvent un livre qui a fait leur bonheur durant leur enfance », dit-elle en souriant.

view sidebar content | back to top of page

Search