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L'équipe qui traite nos pros

Lorsqu'un athlète professionnel se blesse à Montréal, il y a fort à parier qu'il sera ausculté par un médecin de McGill. Si elle vise généralement à permettre au joueur qui a subi une déchirure ligamentaire ou une luxation de reprendre ses activités, la médecine sportive peut parfois lui sauver la vie.

Photo CLUB DE HOCKEY CANADIEN

Lors d'un match disputé l'hiver dernier au Centre Molson, Chris Therien, un défenseur des Flyers de Philadelphie, décoche un boulet en direction du filet du Canadien de Montréal. Trent McCleary, un ailier du Tricolore, s'accroupit afin de bloquer le tir.

Atteint à la gorge par le puissant lancer frappé, McCleary s'écroule. Il se relève et tente de se diriger vers le vestiaire mais, suffocant, s'affaisse de nouveau sur la glace. Le larynx fracturé, il n'arrive plus à respirer.

Deux professeurs de médecine de McGill, David Mulder, MSc'65, et Vincent Lacroix, BSc'86, MDCM'90, sont dans l'amphithéâtre en leur qualité de médecins officiels des Canadiens. L'espace d'un éclair, ils sont auprès du joueur pour lui porter secours. Un autre professeur de McGill qui assistait au match en tant que simple spectateur, le chirurgien David Fleiszer, BSc'69, MDCM'73, MSc'79, se précipite à son tour afin de leur prêter assistance.

Le Dr Lacroix communique avec l'Hôpital général de Montréal pour s'assurer qu'une salle d'opération pourra accueillir le blessé dès son arrivée, pendant que Mulder et Fleiszer s'agitent auprès de McCleary. Ces derniers montent à bord de l'ambulance et font de leur mieux pour aider le joueur à respirer. Cinq minutes plus tard, McCleary est sur la table d'opération. Le Dr Mulder procède alors à une trachéotomie d'urgence en insérant un tube dans une ouverture pratiquée dans la partie inférieure de la gorge afin de dilater de nouveau le poumon droit. L'attaquant du Canadien, sans doute le seul patient ayant été opéré encore chaussé de ses patins, recommence à respirer normalement. Il est sauvé.

Deux jours plus tard, deux autres professeurs de McGill, les oto-rhino-laryngologistes Françoise Chagnon, MDCM'81, et Nader Sadeghi, MDCM'91, remettent en état le larynx fracturé de McCleary. En conférence de presse, le Dr Mulder indique que le joueur a eu de la veine. «Il a vu la mort d'on ne peut plus près. Tout s'est joué en moins d'une minute.»

Le Dr Mulder dirige l'équipe de professeurs de McGill affectée aux joueurs du Canadien. Outre le Dr Lacroix, on y retrouve Eric Lenczner, chirurgien orthopédiste, et John Little, MDCM'61, ophtalmologiste. Les Expos de Montréal se sont quant à eux assurés les services du chirurgien Larry Coughlin, BSc'69, MDCM'73, et les joueurs de l'Impact de Montréal ont à leur disposition un spécialiste de la médecine sportive, Alan Vernec, MDCM'85. Vincent Lacroix et Scott Delaney, urgentologue, qui font également partie de la Clinique de médecine sportive de McGill, sont rattachés aux Alouettes de Montréal.

Photo PHOTO: ANDREW DOBROWOLSKYJ
PHOTO EN HAUT: Reuters NewMedia Inc./CORBIS/MAGMA

David Mulder était résident en chirurgie lorsqu'il a commencé à soigner les hockeyeurs, au début des années 1960. Il avait alors été recruté par Doug Kinnear, BSc'48, MDCM'52, doyen respecté des médecins des équipes sportives. Lorsqu'il a passé le flambeau au Dr Mulder, l'automne dernier, il exerçait les fonctions de médecin-chef des Canadiens depuis 1962. Ses homologues des autres équipes de la Ligue nationale de hockey (LNH) lui ont rendu hommage dans le cadre des festivités du match des étoiles de 1999.

La LNH exige qu'au moins deux médecins assistent à chaque rencontre et demeurent prêts à assurer des soins aux joueurs des deux équipes. Le Dr Mulder et ses confrères se partagent les matchs du calendrier. «Il faut être un mordu du sport pour faire ce travail», précise-t-il. «Cela nous demande beaucoup de temps.»

«Les gens croient que les médecins d'équipe se la coulent douce», fait remarquer le Dr Lacroix. «Il n'en est rien. Nous devons être prêts à tout durant un match. Chaque fois qu'un joueur subit une dure mise en échec, nous tentons tout de suite d'évaluer la probabilité de la blessure. Nous ne sommes pas là pour nous prélasser en sirotant une bière. Ce n'est que lorsque la sirène annonce la fin de la troisième période que nous pouvons nous détendre.»

«La relation que nous entretenons avec l'Hôpital général de Montréal et McGill est tout simplement extraordinaire» a expliqué le Dr Mulder. «Je serais surpris qu'une autre équipe de hockey ait tissé des

liens aussi étroits avec un hôpital d'enseignement et une université.» Cela remonte à l'époque où l'Hôpital général était situé en face de l'ancien Forum; les étudiants en médecine pouvaient alors assister gratuitement aux matchs de hockey en échange des soins prodigués aux joueurs.

C'est également à McGill, plus précisément au Seagram Sports Science Centre, que le Canadien tient son camp d'entraînement. Chaque automne, David Montgomery, professeur d'éducation physique, met à l'épreuve quelque 70 joueurs de la Sainte Flanelle.

Ils doivent se soumettre à toute une batterie de tests physiologiques destinés à mesurer leur force physique, leur souplesse et leur capacité aérobique. « Nous dressons la liste des points forts et des lacunes afin que les instructeurs et les soigneurs sachent sur quels exercices le joueur doit mettre l'accent», indique M. Montgomery.

Photo JƒRïME PRƒVOST/TempSport/MAGMA

«Il y a 20 ans, les joueurs n'étaient pas en parfaite condition physique à leur arrivée au camp d'entraînement», a-t-il poursuivi. «Ils venaient ici pour retrouver la forme. Mais les temps ont changé. Le hockey est devenu une affaire de gros sous, et les joueurs ne veulent pas faire mauvaise figure dès le départ.» Selon le professeur d'éducation physique, les tests ont parfois l'allure d'une véritable compétition, car certains savent qu'ils doivent faire bonne impression s'ils ne veulent pas retourner dans les mineures.

Il ajoute que la fierté y est également pour beaucoup comme les joueurs sont classés dans chaque catégorie.

«Vincent Damphousse [ex-joueur du Canadien] avait toujours la plus grande capacité aérobique et visait toujours le premier rang.»

Par ailleurs, les joueurs du Tricolore subissent une centaine de traitements par année dans la chambre d'oxygène hyperbare du Centre, qui accélère la guérison en permettant une meilleure oxygénation des tissus.

Aux dires du Dr Kinnear, les médecins des équipes sportives tissent des liens étroits avec les joueurs au fil des ans. «Nous finissons par connaître leurs traits distinctifs et eux en viennent à avoir

confiance en nous. J'adore ce sport et ses gens. Les hockeyeurs sont de bons gars.»

Le Dr Mulder estime que la plupart d'entre eux sont de très bons patients qui travaillent très fort durant les exercices de réadaptation. «En général, ils ne négligent aucun effort pour rejoindre leurs coéquipiers le plus tôt possible.»

«Les gens croient que la direction de l'équipe fait pression sur nous afin que nous autorisions le retour au jeu dès que possible. Il ne faut cependant pas oublier que la très grande majorité des instructeurs sont des ex-joueurs. Ils ont déjà été blessés eux aussi et ne veulent pas courir le risque de mettre en péril la carrière du hockeyeur», souligne le Dr Kinnear.

Le Dr Lacroix mentionne que ce sont parfois les joueurs qui sont trop pressés de retourner dans la mêlée après avoir été blessés. «Tout particulièrement ceux qui ont subi une commotion cérébrale. McGill fait de la recherche de pointe sur ce type de blessure. Nous savons donc à quel point elle peut être grave. Mais le joueur qui se sent bien ne comprend pas forcément lorsque vous lui conseillez d'attendre encore une semaine.»

Le Dr Kinnear fait remarquer que les hockeyeurs professionnels s'imposent ce régime depuis pas mal de temps, la plupart maniant la rondelle depuis leur tendre enfance. «Ils finissent par devenir presque insensibles à la douleur. J'ai beaucoup de respect pour leur résistance à la douleur.»

Lorsqu'on lui demande quelle modification il apporterait aux règlements de la LNH si on lui en donnait la chance, il répond tout de go: «J'interdirais le double échec par derrière, lorsque le joueur se retrouve face à la bande. Ce geste donne froid dans le dos à tous les médecins. Le joueur mis en échec risque toujours de se rompre le cou.»

Le Dr Mulder est plutôt préoccupé par les coups de bâton. « Certains joueurs cinglent leurs adversaires à deux mains. C'est inadmissible.»

Le Dr Lacroix, ex-instructeur adjoint de l'équipe masculine de basketball de l'Université, est le premier récipiendaire de la bourse de recherche Ed Ricard en médecine sportive (feu M. Ricard était un cadre d'Imasco passionné de sports). En plus d'acquérir une formation en médecine, il s'est familiarisé avec les principes de biomécanique et de condition physique auprès de David Montgomery et d'Hélène Perrault, professeurs d'éducation physique.

À son avis, davantage de médecins devraient suivre cette formation, non seulement afin de former l'élite sportive, mais également pour conseiller le jeune asthmatique friand de sports ou la personne âgée qui veut retrouver la forme. À la Clinique de médecine sportive, Lacroix et ses collègues soignent près de 600 athlètes de McGill, ainsi que de vaillants sportifs de fin de semaine qui s'illustrent dans les ligues de garage.

Invité à comparer les footballeurs et les hockeyeurs, Lacroix répond que, au football, l'équipe prend plus d'importance. Les joueurs ne sont pas aussi individualistes. «L'ailier espacé ne peut pas marquer un touché si le quart-arrière ne lui lance pas le ballon avec précision et si les joueurs de ligne ne bloquent pas leurs vis-à-vis. Au hockey, un joueur comme Jaromir Jagr peut changer l'issue d'un match presque à lui seul.»

Selon le Dr Kinnear, il ne faut pas s'étonner que des médecins acceptent de travailler pour des équipes de sport professionnel malgré leur horaire extrêmement chargé. «Connaissez-vous un jeune qui ne serait pas prêt à tout donner pour devenir intime avec les Glorieux?»

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