La ferme du campus Macdonald

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La ferme du campus Macdonald

La Ferme du campus Macdonald

Par Mark Reynolds
Traduction de Carl Lavoie, BA'84
Photos par Nicolas Morin

C'est un bureau comme il y en a des centaines à : un bureau de travail, des chaises, une table et quelques images au mur. Cependant, le visiteur ne manquera pas de remarquer la rangée de rubans de couleur placés sous la fenêtre, heureux souvenirs de diverses expositions d'animaux. Une autre différence de « taille » : la vache Holstein de 1400 livres qui jette un regard curieux à travers la fenêtre. Ce bureau fait partie de la Ferme de exploitation agricole aménagée sur un campus au Canada.

Avec 200 hectares de cultures, 88 vaches laitières, environ 6 000 poulets, 600 porcs et même quelques dizaines de chevreuils, cette exploitation agricole fonctionnelle est située à cinq minutes à peine des salles de cours du Campus Macdonald et de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'environnement.

Photo Le professeur Vijaya Raghavan, directeur du département de génie agricole et des biosystèmes, en compagnie d'étudiants
Ci-haut : Une analyse d'ADN dans un laboratoire de Macdonald

« Pour moi, l'apport de la Ferme aux activités d'enseignement et de recherche de la Faculté est capital », a déclaré Roger Buckland, professeur au département de zootechnie et directeur de l'unité avicole de la Ferme.

« Je vois un parallèle avec la contribution des hôpitaux universitaires à la mission d'enseignement et de recherche de la Faculté de médecine », a-t-il poursuivi.

La Ferme fournit l'infrastructure et les animaux, et McGill, le savoir-faire, en vue de trouver des solutions aux problèmes qui confrontent l'industrie agricole. De nombreux projets sont relativement simples, alors que d'autres sont à la fine pointe de la technologie. M. Buckland a précisé qu'un projet de recherche actuellement en cours au laboratoire d'aviculture vise à cerner les marqueurs génétiques de la résistance à la maladie de Marek, qui, chaque année, coûte des milliers de dollars aux producteurs en volailles perdues et en vaccins.

C'est l'application du fruit de la recherche scientifique de pointe aux problèmes agricoles qui a valu à McGill (en collaboration avec l'Université de Montréal) une subvention de la Fondation canadienne pour l'innovation, en vue de construire et d'équiper une nouvelle unité avicole. La nouvelle unité, dont la construction doit débuter dans le courant de l'année, remplacera des bâtiments qui sont utilisés depuis 1905, lorsque Sir William Macdonald, un baron du tabac, a fait don des terrains à McGill.

Photo Une étudiante qui cueille des pommes

Bien entendu, la Ferme, c'est un centre de recherche, mais c'est aussi une exploitation commerciale. Les produits laitiers, les œufs, les poulets à griller, les porcs et les autres produits et services offerts par le campus de Sainte-Anne-de-Bellevue génèrent des revenus de plus d'un million de dollars.

Si vous avez eu le plaisir de rouler sur la Transcana-dienne et de traverser la zone agricole située près de Québec, vous avez pu constater que les porcheries produisent beaucoup de fumier... au « parfum extrême ».

L'unité porcine de Macdonald abrite une cinquantaine de truies pour la reproduction. Ainsi, chaque année, quelque 700 porcelets voient le jour à l'unité pour ensuite être vendus sur le marché. On y trouve également deux porcs, qui ont pour mission de stimuler les femelles, même si elles sont inséminées artificiellement.

Bien que l'effluent provenant de la Ferme de Macdonald soit traité dans des cuves de précipitation au phosphate, l'odeur reste âcre. Un nouveau projet réalisé en collaboration avec le secteur privé pourrait résoudre en partie le problème. À la Ferme, le fumier des porcs et des bovins est versé dans de gigantesques cuves en ciment en vue d'être utilisé comme engrais. À l'heure actuelle, la cuve du fumier de porc est recouverte d'une énorme bâche noire, qui sera bientôt coiffée d'un grand dôme. Ainsi, le fumier se décomposera en vase clos, et l'odeur sera emprisonnée.

Les voisins de la Ferme, qui peuvent apprécier ce « fumet » de temps à autre, pourront bientôt tirer parti de la matière à l'origine de l'odeur. Dans le cadre d'une nouvelle initiative, les résidents des environs pourront apporter leurs feuilles mortes à la Ferme. Réalisé sous la gouverne d'Aline Grenier, directrice de la gestion des pratiques agricoles, le projet de compostage est révélateur de l'impact de la recherche agricole effectuée à McGill sur la collectivité. Mme Grenier et ses étudiants tentent actuellement de déterminer quel mélange de feuilles, de copeaux de bois et d'autres matières s'incorporera le mieux avec le fumier de bovins en vue de produire un compost de premier ordre, qui servira ensuite à fertiliser les potagers.

« Nous avons invité trois sociétés d'ingénieurs-conseils à nous soumettre des offres, et nous avons commencé à nous occuper du financement », a déclaré Mme Grenier. « Il s'agit d'inciter les municipalités des environs à nous apporter leurs feuilles mortes afin que nous puissions en faire du compost. Les résidents pourront ensuite obtenir du compost en échange de leurs feuilles. »

Photo

Les producteurs de cet engrais en puissance sont gardés dans une grande étable, bordée d'une série de silos en ciment sur un côté. Suzelle Barrington, BSc(AgrEng)'73, PhD'85, professeur de génie agricole et de génie des bio-systèmes et directrice de l'unité laitière, m'accompagne à l'intérieur du bâtiment. Nous croisons deux étudiants affairés autour d'une vache au regard triste, ficelée dans un grand cadre métallique, avec une patte dans un étrier.

Mme Barrington m'explique qu'une vache ne peut pas supporter son poids si elle a une patte blessée et qu'il faut donc recourir à un cadre métallique. La jeune femme qui s'emploie à fixer un sabot de bois est du Collège Vanier, qui envoie à la Ferme ses étudiants en technique vétérinaire pour qu'ils acquièrent de l'expérience.

L'épidémie de fièvre aphteuse, qui a balayé l'Europe l'an dernier, a eu des répercussions à la Ferme du Campus Macdonald. Bien qu'aucun cas n'ait été déclaré au Canada, les personnes qui visitent l'étable à vaches laitières doivent marcher sur un tapis de désinfection, se laver soigneusement les mains et mettre des bottes de plastique jetables.

C'est pour cette raison que le public n'a plus accès à la Ferme, un lieu qui était très prisé des élèves. Des groupes -- par exemple, des représentants de l'industrie -- peuvent toujours visiter la Ferme sur rendez-vous; cependant, ils doivent payer les bottes, et le nombre de groupes est restreint. Les visites scolaires ont malheureusement été annulées.

« Nous avions déjà envisagé de mettre un terme aux visites », a admis Mme Barrington, précisant qu'elles peuvent entraver le déroulement des activités quotidiennes. Par exemple, le déplacement des animaux peut être éprouvant pour les nerfs s'il y a trop de véhicules qui circulent. « Cependant, nous accueillons encore de 20 à 30 autobus chaque année. »

Photo Serres du campus Macdonald

Le troupeau est surtout constitué de Holsteins, mais compte également dans ses rangs des Ayreshires, des Jerseys et une Brune des Alpes. Les vaches adultes sont gardées dans l'étable principale, alors que les veaux sont sevrés dans des cabanes extérieures pendant quatre mois. Seules les vaches restent à la Ferme, les bœufs étant envoyés au marché pour la viande. La Ferme mise sur l'insémination artificielle pour assurer la diversité génétique. Ainsi, la population du troupeau demeure stable.

« Environ 20 % de nos vaches sont envoyées au marché chaque année, lorsqu'elles sont trop vieilles, et sont remplacées par de jeunes animaux de notre cheptel », a expliqué Mme Barrington.

Construite en 1985, l'unité laitière est exploitée par une petite équipe d'employés à temps plein. Quarante étudiants, des employés à temps partiel, se chargent de traire les vaches deux fois par jour. La première traite a lieu à cinq heures. Selon Roger Buckland, c'est de la dure besogne, mais la possibilité de faire ce travail facilite énormément le recrutement de nouveaux étudiants.

« J'ai rencontré des étudiants des quatre coins de la province qui savaient que nous avions une ferme sur le campus. Certains ont grandi sur une ferme et choisissent Macdonald pour cette raison; d'autres n'ont pas grandi sur une ferme et c'est précisément ce qui les attire chez nous », de dire M. Buckland en riant.

Cependant, même un enfant d'agriculteur est peu susceptible d'avoir été en contact avec un groupe d'animaux de la Ferme. Leroy Phillip, professeur de zootechnie, fait de la recherche sur l'animal d'élevage affichant la plus forte croissance dans l'industrie agricole canadienne : le chevreuil. On en dénombre près de 50 à Macdonald.

« Les éleveurs sont toujours à l'affût de solutions de rechange », a mentionné M. Phillip, ajoutant que la viande de chevreuil est bien moins grasse que celle des animaux d'élevage traditionnels. « Du point de vue de la santé, le chevreuil est très intéressant. »

Intéressant, certes, mais pas de tout repos. Contraire-ment aux bovins, les chevreuils ont des préférences alimentaires encore méconnues. Ils sont également très sensibles aux saisons, car ils prennent beaucoup moins de poids pendant l'hiver que les autres animaux. Pour l'éleveur, la rentabilité est moindre, car il doit attendre presque deux ans avant que l'animal n'atteigne un poids de marché raisonnable.

En collaboration avec Douglas Harpur, de Harpur Farms, le plus grand éleveur de chevreuils du Québec, M. Phillip espère trouver la combinaison alimentaire qui favorisera le plus la croissance de ses 48 cerfs nobles.

« Je leur donne des aliments qui ne font pas partie de leur ordinaire dans leur habitat naturel... du maïs et du soya par exemple. Ça peut favoriser leur croissance, mais ça peut également occasionner d'autres problèmes. Si on leur donne trop de céréales, l'équilibre intestinal sera compromis », a-t-il expliqué.

M. Phillip s'est fixé comme objectif de trouver un aliment qui convient au chevreuil et qui pourra être produit sur une grande échelle.

Dans une ferme rattachée à un établissement universitaire, des travaux de recherche comme ceux de M. Phillip revêtent une très grande importance. Comme dans n'importe quelle exploitation agricole, on y élève des animaux, on y fait la moisson et on y commercialise des œufs, des produits laitiers ainsi que des bœufs et des porcs. Cependant, par la même occasion, on s'efforce constamment d'innover pour améliorer les façons de faire et ensuite de partager les connaissances.

« Nous ne sommes pas seulement une ferme expérimentale. Nous sommes une vitrine de l'agriculture », a déclaré, non sans fierté, Suzelle Barrington.

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