ALUMNI QUARTERLY
FALL 1998

Un comportement calme et réfléchi cache à peine la passion de Marc Mounicot, MSc'98, pour le soccer et les voyages. Cet ancien capitaine des Redmen et récent diplômé de McGill assistait à des matchs de la Coupe mondiale en France («une ambiance extraordinaire!») quand il a été nommé entraîneur de l'équipe de soccer féminin à McGill à la fin juin, pour remplacer Sylvie Béliveau.

De retour à Montréal depuis seulement une semaine, Mounicot aura à peine eu le temps de voir son nouveau bureau au gymnase Sir Arthur Currie avant de reprendre la route. Cette fois-ci il accompagne une équipe de jeunes québécois à la coupe U.S.A. Sa passion pour les voyages l'a déjà amené à découvrir l'Amérique centrale, l'Amérique du sud, l'Asie, l'Europe, la Polynésie et les Antilles. D'ici quatre ans, à la prochaine Coupe mondiale il espère unir ses deux passions : le soccer et la culture japonaise et coréenne.

En novembre 1997, âgé de 34 ans, Mounicot aidait les Redmen à remporter le championnat national canadien universitaire pour la première fois depuis 1982. Il a terminé sa carrière de joueur en 1997-1998 en gagnant le trophée D.S. Forbes, accordé au meilleur athlète masculin de McGill.

Selon son entraîneur, Pat Raimondo, Mounicot est allé au-delà des attentes. «Il nous a sorti de la province avec deux buts contre UQAM, dit-il. Ensuite il a joué les matchs finaux au niveau national souffrant d'une blessure abdominale, nous montrant son côté tenace.»

A STUDENT OF THE GAME

A calm and thoughtful manner hides the passions that shape the life of Marc Mounicot, MSc'98. An avid soccer player, the former captain of the national champion Redmen team and recipient of this year's Forbes Trophy for outstanding male athlete also loves travel, and much of his globe-trotting has been connected to the sport known in most of the world as football.

In fact, he was still in his native France attending some World Cup matches when his new appointment as coach of the McGill women's soccer team was announced in June. He was only back in Montreal a few days before setting off again for the U.S. with a group of young Quebec soccer players.

Although a fresh grad, Mounicot is a mature 34 and has had plenty of experience coaching younger players. He currently trains a team for Stanislas College in Montreal, and a boys' under-14 provincial squad. In 1997, he led the under-15 boys' team to a silver medal at the Canadian finals.

In the heat of a game, he admits he occasionally has lost his usual cool. He insists, though, that "Marc Mounicot the player and Marc Mounicot the coach are two different people." And Redmen coach Pat Raimondo says that his intensity helped push the McGill men's team to the championship last fall. "He played the national finals injured and showed us his tough side without complaining."

Mounicot, who came to Canada ten years ago, enrolled at McGill to pursue a master's degree in psychology although he spoke little English. "I was drawn to McGill because of the tradition and the history of this University," says Mounicot. His thesis, which he wrote in English, dealt with  -- no surprise  -- soccer.

Mounicot, qui avait 31 ans quand il s'est joint aux Redmen, n'a eu aucun problème à intégrer une équipe de joueurs plus jeunes que lui, au dire de Raimondo. «Les gars le respectent et sa joie de vivre lui permettait de temps en temps de s'amuser avec eux comme s'il avait 17, 18 ans.» Au championnat national, explique Raimondo, «il était notre leader sur le terrain et les gars se tournaient vers lui pour nous sortir des moments difficiles pendant les matchs.»

Natif de Cenon en France, Mounicot s'est rendu au Canada après avoir terminé en 1985 un baccalauréat en sciences spécialisées en éducation physique de l'Université de Bordeaux. L'année suivante, il s'est joint à l'équipe de l'Université de Sherbrooke et a joué avec le Supra de Montréal de la ligue américaine de soccer professionnel en 1987.

Il a traversé l'Atlantique afin de découvrir un nouveau continent, une autre culture et un défi au niveau du soccer. Il constate qu'à Montréal le soccer est moins bien connu qu'en Europe et que la majorité des jouers de soccer sont issus de communautés ethniques.

Selon Mounicot, il faut développer davantage la qualité des entraîneurs, des joueurs et faire découvrir ce sport aux gens qui ne le connaissent pas bien. Depuis dix ans cependant, il y a eu des changements. «Maintenant de plus en plus les Québécois ont tendance à vouloir pratiquer ce sport, dit Mounicot. Au niveau des coûts, ce sport est beaucoup moins onéreux que certains autres sports populaires. On a juste besoin d'un ballon, d'une paire de chaussures et d'un terrain.»

Il entraîne l'équipe du Collège Stanislas, et l'équipe québécoise masculine des moins de 14 ans. En 1997, Mounicot mène l'équipe provinciale des moins de 15 ans à une médaille d'argent au championnat canadien.

Il s'inscrit à McGill en 1995, afin de terminer sa maîtrise en psychologie sportive et de partager son expérience avec l'équipe de soccer des Redmen. C'est avec Raimondo que Mounicot a partagé en 1994-1995 les responsabilités d'entraîneur de l'équipe Québec Sélect, les meilleurs joueurs de la province âgés de 15 ans.

«Je voulais améliorer ma connaissance de l'anglais, avoue Mounicot. J'ai été attiré à McGill par la tradition et par l'histoire de cette université.»

Cet homme qui aime les défis termine sa thèse de 130 pages en anglais, une langue qu'il ne parle que depuis son arrivée au Canada il y a une dizaine d'années. «Mon directeur de thèse, toujours par défi, m'avait demandé de l'écrire en anglais, explique Mounicot. Il pensait que ça pourrait être une expérience enrichissante pour moi.»

Il dit avoir vécu une bonne expérience. «Ma chance a été de me retrouver dans un programme de maîtrise où il n'y avait pas beaucoup d'étudiants, ce qui m'a permis de ne pas me noyer dans la masse et de bénéficier de l'aide des professeurs et de certains de mes co-étudiants,» dit-il.

Pour ce sportif, les études et le terrain de soccer ne sont jamais bien loin l'une de l'autre, mais il dit toujours choisir les études. «J'ai préféré privilégier la tête plutôt que les jambes,» explique-t-il. Mais il pense toujours à sa passion. Il écrit sa thèse sur la relation entre les superstitions et l'anxiété compétitive chez les joueurs de soccer de haut niveau.

«Oui, j'ai certains rituels, admet-il. Mais les superstitions ne se disent pas» répond-il en souriant. «Ça reste personnel.»

Une affaire moins personnelle est la suspension de trois mois dont il a écopé lors d'un match d'été avant de se joindre aux Redmen. «J'avais eu un accrochage avec un arbitre de touche lors d'un match, dit-il. D'un coté j'ai manqué de respect à un officiel, et pour ce geste là je n'ai pas d'excuse. Mais j'estime que d'un autre coté l'officiel a manqué de respect envers les joueurs par ses décisions, par ses actions, par ses commentaires, explique-t-il. Un de mes gros défauts c'est de ne pas pouvoir supporter la médiocrité.»

Il dit n'avoir aucune crainte de perdre le contrôle en tant qu'entraîneur à McGill car il est alors très calme, mais aussi très exigeant. «Le Marc Mounicot joueur et le Marc Mounicot entraîneur sont deux personnes différentes,» explique-t-il.

Il estime qu'un bon entraîneur est passionné par son activité, il est un bon psychologue, il tient un capital d'expertise très élevé, sans cesse à la recherche d'éléments nouveaux par rapport à son sport, et ferme au niveau de ses idées, de plus il doit être une personne capable d'influencer d'une manière positive ses athlètes.

«Ma philosophie c'est de permettre aux athlètes d'atteindre leur potentiel de façon individuelle et collective, tout en développant un jeu efficace tourné vers l'offensive qui saura plaire aux gens qui viennent les voir jouer,» explique-t-il.

Raimondo fait confiance à son ancien joueur. «J'aime bien penser qu'en 1998 nous rapporterons les deux championnats nationaux à la même école et pourrons hisser les deux bannières,» dit-il.

Hélèna Katz est journaliste à Montréal