ALUMNI QUARTERLY
FALL 1997

Allô Police!
Un milieu universitaire plus sûr et paisible?

par Pierre Théroux



Les policiers du poste 19, rue Prince Arthur

En implantant son nouveau modèle de Police de quartier, le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM) vise à favoriser et à développer un milieu de vie plus sûr et paisible. Jugée relativement calme, la communauté universitaire devrait néanmoins profiter de ce nouveau profil.

«Nous avons déjà eu des rencontres avec divers intervenants de l'Université McGill afin de voir comment nous pouvons travailler ensemble, nous aider mutuellement, en vue d'accroître le sentiment de sécurité», souligne le commandant Daniel Rondeau, qui dirige le nouveau poste 19, appelé aussi Ville-Marie Nord.

Steve Paquin, chef du service de sécurité de l'Université McGill et ancien membre de la GRC, voit la présence de ce nouveau poste dans le voisinage d'un bon oeil et croit aussi que cela contribuera à améliorer la sécurité publique et la qualité de vie du quartier. «Il n'y a rien de mal à ce que les policiers se promènent simplement dans le quartier, sur le campus, afin de pouvoir mieux tâter le pouls et connaître les gens.»

Allô ! La police ?

Les deux hommes se sont rencontrés lors d'une réunion à laquelle assistaient également Nelson Marshall et Mario Morroni, deux policiers dont les titres d'agents socio-communautaires semblent refléter le nouveau virage amorcé au début de l'année par le SPCUM. D'autant plus que ce dernier est un ancien étudiant de McGill et qu'il sera donc en mesure de mieux cerner la problématique environnante.

Depuis, des membres des services de police et de la sécurité de l'Université sont presque quotidiennement en contact de manière à régler les problèmes et ce, de façon durable. Les policiers sont invités à parcourir le campus régulièrement et ils entendent bien le faire. Ainsi, leur présence sera davantage perçue comme routinière et habituelle, plutôt qu'un déploiement de forces lors d'incidents uniquement.

Inauguré le 29 janvier dernier, le nouveau poste de quartier, situé 380, rue Prince-Arthur ouest, couvre un territoire qui englobe le ghetto McGill ainsi que la portion de la rue Saint-Laurent comprise entre l'avenue des Pins et la rue Sherbrooke. Bon nombre des quelque 60 sergents et policiers y oeuvrant, dont la moyenne d'âge est inférieure à trente ans, se sont déjà familiarisés avec le quartier, la localisation des pavillons de l'Université et les diverses mesures de sécurité ou d'urgence élaborées sur le campus. Ils sont conscients de la situation à l'Université et dans le ghetto.

«La rencontre a été très fructueuse. Elle nous a permis de vérifier le sérieux de leur démarche qui vise entre autres à tisser des liens avec la communauté universitaire», constate Victoria Lees, Secrétaire générale de l'Université, qui était également présente en compagnie notamment de Mme Rosalie Jukier, doyenne des services aux étudiants, et de Mme Kate Williams, directrice du service des affaires universitaires.

Ces premiers contacts ont contribué à poser les jalons d'un travail de collaboration, en s'appuyant notamment sur une meilleure compréhension du rôle et des attentes de chacun.

Pour la police, qui a toujours vu le milieu universitaire comme un univers clos ayant ses propres règles, la rencontre aura donc aidé à démystifier certaines croyances. Comme le fait que l'université ne remplace pas les parents et, par conséquent, ne contrôle pas le comportement des étudiants au sein des fraternités ou ceux qui vivent dans le ghetto McGill. Là où les problèmes de bruit, de musique trop forte, font l'objet de plaintes fréquentes auprès de la police.

«Il importe dorénavant de travailler en partenariat avec les organismes socio-économiques, les groupes communautaires, les citoyens et les institutions comme McGill. Le policier passera dorénavant plus de temps à chercher à résoudre les causes d'un problème», affirme Daniel Rondeau, qui est aussi détenteur d'un diplôme en Gestion des ressources humaines de l'École des Hautes études commerciales (HEC).

«On ressent toujours un certain malaise lorsqu'on voit des policiers se promener sur un campus. D'autant plus que le milieu universitaire croit généralement vivre dans un monde à l'abri du mal et de la violence. Or, on doit apprécier davantage la présence policière, et cette présence peut s'avérer plus rassurante pour tous», reconnaît Victoria Lees.

Mieux vaut prévenir

Tous conviennent néanmoins que l'Université McGill, et le quartier connu sous le nom de "ghetto McGill" où habitent de nombreux étudiants, sont somme toute assez sûrs. Ainsi, lorsque le quartier faisait partie de l'ancien district 25, les policiers avaient beaucoup plus à faire dans le Vieux-Montréal, ou encore dans les rues Crescent et Saint-Denis, qu'au nord de la rue Sherbrooke.

Ce qui ne signifie pas pour autant que la criminalité y est totalement absente. Ainsi, les effets personnels des étudiants et du personnel universitaire sont souvent la proie des voleurs qui rôdent autour des bibliothèques ou des bureaux. «L'Université se présente comme une communauté ouverte. Or, il est difficile pour nous d'enrayer ce genre d'incidents qui surviennent surtout à cause de la négligence des gens», note Steve Paquin en précisant que les vols par effraction dans les autos ou à domicile sont aussi courants.

Par ailleurs, «de nombreuses étudiantes ne se sentent pas toujours en sécurité dans le ghetto. Il y a eu des agressions par le passé et même si des programmes comme Walksafe ont amélioré la situation, il y a encore des craintes», souligne Barbara Timmins du Centre des agressions sexuelles de McGill, qui à cet égard espère rencontrer bientôt les policiers du poste 19.